Gianni Giardinelli supremes ntm Estrougo

La Seine-Saint-Denis : terre d'inspiration pour les cinéastes

Publié le 15 novembre 2021
  • Pro

Avec deux projets consacrés au groupe de rap NTM tournés quasi simultanément, le département de la Seine-Saint-Denis est un décor naturel plébiscité par les productions cinématographiques et audiovisuelles. Certaines villes du département disposent aujourd’hui de leur propre bureau d'accueil des tournages. Des acteurs territoriaux majeurs, tels Grands Paris Aménagement, sont également accompagnés par Film Paris Region afin de développer leurs compétences et offre de services en la matière.

Suprême

Le groupe de rap Suprême NTM, né en Seine-Saint-Denis en 1990, suscite cette année les créations cinématographiques et audiovisuelles. Trente ans après leur 1er album « Authentik », la cinéaste Audrey Estrougo réalise un biopic sobrement intitulé Suprême. Le film, produit par Nord-Ouest Films et accompagné par Film Paris Region, a reçu l'aide du Fonds de soutien de la Région Île-de-France.

  • 1 064

    personnes employées sur le film
  • 12

    semaines de post-production
  • 24

    jours de tournage en IDF

1989. Dans les cités déshéritées du 93, une bande de copains trouve un moyen d’expression grâce au mouvement hip-hop tout juste arrivé en France. Après la danse et le graff, JoeyStarr et Kool Shen se mettent à écrire des textes de rap imprégnés par la colère qui couve dans les banlieues. Leurs rythmes enfiévrés et leurs textes révoltés ne tardent pas à galvaniser les foules et … à se heurter aux autorités. Mais peu importe, le Suprême NTM est né et avec lui le rap français fait des débuts fracassants !

Point de départ du projet, l’envie de la réalisatrice de démontrer, au travers d’un film qui s’adresse autant aux amateurs du genre qu’aux néophytes, l’importance du mouvement hip-hop dans la société du début des années 90 en France.

Elle choisit de placer l’action du film sur une période concentrée autour des premières années de création du groupe NTM, entre 89 et 92. Cette période est marquée par de violentes émeutes en banlieues, et la découverte pour une grande partie des Français de la situation explosive dans les cités. C’est aussi un moment de créativité intense pour le hip-hop qui permet à la jeunesse de trouver un exutoire créatif à travers le graff, la danse et le rap. Un moment où l’histoire personnelle du groupe rencontre la Grande Histoire...

Pour retrouver à l'écran l'esprit des banlieues du début des années 90, il fallait trouver les bons décors. Le choix a été fait de tourner en majorité sur Paris et en Seine-Saint-Denis. Le 93 marque sa présence dans le film à travers les villes de Montreuil, Clichy-sous-Bois, Saint-Denis et Aubervilliers.

Sur les 38 jours de tournage du film Suprême, 24 ont eu lieu en Île-de-France. Aux studios de l’Atlas et Ferber et dans un certain nombre de décors naturels dont la discothèque Le Globo, l'Albatros, le Zenith de la porte de la Villette ou encore certains extérieurs comme le square de Clignancourt Dit ou encore le quai Aulagnier. Le Fort d’Aubervilliers a permit de reconstituer certains des appartements du film grâce à l’autorisation de Grand Paris Aménagement (voir section finale).

De la pré-production à la post-production en passant par le tournage, la production a fait appel à 70 entreprises franciliennes.

Suprême, Audrey Estrougo
Suprême, Audrey Estrougo
© Crédit : Gianni Giardinelli, Nord Ouest Films
Suprême, Audrey Estrougo
Suprême, Audrey Estrougo
© Crédit : Gianni Giardinelli, Nord Ouest Films
Suprême, Audrey Estrougo
Suprême, Audrey Estrougo
© Crédit : Gianni Giardinelli, Nord Ouest Films
Suprême, Audrey Estrougo
Suprême, Audrey Estrougo
© Crédit : Gianni Giardinelli, Nord Ouest Films
Suprême, Audrey Estrougo
Suprême, Audrey Estrougo
© Crédit : Gianni Giardinelli, Nord Ouest Films
Suprême, Audrey Estrougo
Suprême, Audrey Estrougo
© Crédit : Gianni Giardinelli, Nord Ouest Films

Le Monde d'après

Suprême d’Audrey Estrougo n’est pas la seule œuvre sur la naissance du groupe NTM à avoir été tournée dans le 93.

Diffusion prévue pour 2022, la nouvelle série de Katell Quillévéré et Hélier Cisterne, Le monde de demain, NTM la légende retrace les débuts du hip-hop en France en 6 épisodes de 52 minutes. Alors que le film d’Audrey Estrougo s’attache principalement à Didier et Bruno, la série évoque l’ensemble des personnes ayant participé au mouvement Suprême NTM de l’époque, dont la grapheuse Lady V et le groupe Assassin.

Pour incarner cette époque à l'écran, le repéreur a également visité plusieurs lieux du 93 dont le Fort d’Aubervilliers.

Depuis plusieurs années, quelques villes du 93, dont la ville d'Aubervilliers avec l’aide de Film Paris Region, ont développé leur bureau d'accueil des tournages afin de collaborer au mieux avec les productions. Ces villes proposent des décors naturels prisés des cinéastes, telles des zones urbanisées et des cités sources d’inspirations fictionnelles ou documentaires.

De nouveaux acteurs territoriaux s’inscrivent désormais dans cette offre de service, tel Grand Paris Aménagement.

Grand Paris Aménagement : un gestionnaire de lieux singulier

Premier opérateur foncier et aménageur urbain public d’Île-de-France, Grand Paris Aménagement ouvre depuis quelques années certains de ses lieux aux tournages.

Concepteur de grands projets urbains d’ensemble, l’établissement public est propriétaire de terrains et de bâtiments qu’il gère et entretient, parfois pendant plusieurs années, dans l’attente de leur transformation.

C’est le cas du Fort d’Aubervilliers, ancien fort militaire de 36 hectares acquis dans les années 70. En 2016, Grand Paris Aménagement en partenariat avec la Ville conçoit le futur aménagement du Fort qui doit accueillir un nouvel écoquartier mixte avec du logement, des activités culturelles et économiques, des commerces, des équipements publics, en valorisant le patrimoine architectural et végétal du lieux. 

Carto Fort d'Aubervilliers 2021
© Crédit : Grand Paris Aménagement

Alors que le secteur Jean Jaurès (en bleu clair sur la carte) est d’ores et déjà en cours d’aménagement avec la construction des premiers logements, le cœur du Fort et ses casemates (en rouge) sont occupés en partie par des entreprises culturelles et créatives ; la zone des « tours de gendarmes » (en bleu foncé) fait encore l’objet d’une réflexion quant à son devenir. L’un des bâtiments, la tour G3, vide de toute occupation, est gérée par Grand Paris Aménagement..

Aline Lunven, cheffe de projet à la direction du développement opérationnel et de l’innovation de Grand Paris Aménagement, est contactée en 2018 par l'équipe de production d'Haut & Court alors en repérage pour le film Gagarine, de Fanny Liatard et Jérémy Trouilh.

La production tourne dans un bâtiment de la cité du même nom située à Ivry sur Seine, juste avant sa démolition, dans le cadre d’une opération de rénovation urbaine, qui a laissé place à une nouvelle Agrocité.

Cette expérience réussie incite Aline Lunven à développer cette activité : elle rencontre l’équipe de Film Paris Region au Production Forum 2020 et développe son réseau. En un an, 11 projets cinématographiques ou audiovisuels ont pu être accueillis sur les sites de Grand Paris Aménagement.

A l’été 2020, Aline Lunven a été contactée par la production du film d’Audrey Estrougo pour tourner dans la tour G3. Occupé durant 3 semaines en août 2021 (montage et tournage inclus), le bâtiment a offert un cadre privilégié pour la production.