La réalisatrice libanaise Mounia Akl sort en salles son premier long-métrage, Costa Brava, Lebanon, un film engagé avec en toile de fond la crise écologique et politique que traverse son pays. L'obtention du Fonds de soutien coproduction minoritaires de la Région Île-de-France a permis de consolider le plan de financement de la production et de pouvoir mener le projet jusqu'à son terme avec l'expérience de techniciens franciliens hautement qualifiés.
Chiffres clefs
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synopsis
Liban, dans un futur proche. Soraya et Walid Badri se sont construits une vie idyllique dans les montagnes, loin du désordre et de la pollution de Beyrouth. La vie paisible de la famille est brutalement remise en question par l’installation d’une décharge prétendument écologique en face de chez eux. Malgré la corruption ambiante qui rend leur combat sans espoir, les Badri font front. Ce chaos extérieur a bientôt des répercussions sur le cocon familial…
En 2016, Mounia Akl était cité par le magazine Screen International comme l’une des 5 réalisatrices arabes de demain. Son court-métrage Submarine a été diffusé dans de nombreux festivals prestigieux : en sélection officielle du 69e Festival de Cannes, au Festival international du film de Toronto, au Festival international du film de Dubaï où elle reçoit le prix du jury…
L’écriture de son premier long-métrage débuté en 2017 dans le cadre de la 35e Résidence de la Cinéfondation, où la réalisatrice est notamment conseillée par les équipes de Film Paris Region. Pour ce projet, elle s’inspire de la crise des déchets de 2015, l’un des prémices de la crise plus large qui a touché le Liban en 2019. L'engagement pour la cause environnementale n'est pas que le sujet du film, mais aussi une démarche active pour la réalisatrice, comme elle nous l'explique :
" C’était très important pour nous d’avoir recours a des pratiques éco-responsables, puisque c'était l’absence de ces pratiques - et la corruption - qui avait conduit le Liban à la crise de 2015. En collaboration avec des activistes environnementaux et des ONG, nous avons créé avec la production un « green protocol » , le premier du genre au Moyen-Orient. Ce dernier passait par la sensibilisation des équipes, et touchait toutes les étapes possibles, des effets spéciaux aux costumes, en passant par l'alimentation et les transports. Ce n’est pas facile d’être écologique au Liban a cause du manque d’infrastructure mais nous avons réussi à démontrer qu'il était possible de réaliser un tournage écologique même avec ces contraintes."
La pré-production est complexe, marquée par l’explosion du mois d'août 2020 à Beyrouth. Les producteurs libanais Myriam Sassine & Georges Schoucair (Abbout productions) ont tout d’abord collaboré avec la production francilienne Cinéma Defacto. C’est grâce à cette collaboration et a l'obtention du Fonds de soutien coproduction minoritaires de la Région Île-de-France que le projet a pu voir le jour, comme nous l'explique Sophie Erbs, la productrice française :
Les équipes de la production Cinema Defacto ont était engagées à toutes les étapes du projet, tant financièrement qu’artistiquement. En développement, ils ont fait appel à la réalisatrice et scénariste Magalie Negroni en tant que consultante et ont procédés à de nombreuses traductions impliquant des personnels qualifiés en Île-de-France. En production, les effets spéciaux ont été confiés à 2 sociétés franciliennes : BUF et Mikros, avec pas moins d’une dizaine de collaborateurs mobilisés. Les studios parisiens HAL ont assuré la post-production sonore et la société Cineli a pris en charge les sous-titres.
Un grand nombre de partenaires étrangers ont également contribué au financement de ce projet : 7 coproducteurs de 6 pays différents dont la France, le Liban, la Suède, le Danemark, la Norvège et l’Espagne.
Nous avons demandé à Sophie Erbs en quoi travailler en collaboration avec autant de productions étrangères changeait le travail d’une productrice :
« Le projet a été tellement difficile à mettre sur pieds que chaque rouage de cette horlogerie de coproduction était essentiel, mais chacun a trouvé sa place organiquement. Nous étions à la fin sept pays ayant activement collaboré à la fabrication du film, et jusqu’à une trentaine de sources de financement. Une telle structure nécessite une organisation particulièrement rodée et une très bonne communication. Le danger principal est de perdre en efficacité du fait d’une chaîne de décision démesurément rallongée. Ça n’a pas du tout été notre cas. Nous avons réussi à créer une communauté de professionnels investis pour le bien du film, et nous avons su transformer cette lourdeur en énergie positive. Chaque pays a été force de proposition pour résoudre les nombreux problèmes qui ont jalonné le développement du projet. C’est une très belle aventure collective. »